Revendication du droit de participation : planification familiale et leadership des jeunes au Sénégal

Sénégal

PAR SARA MEZ

En 2021, Fatou Diop fait partie d’un processus qui changera à jamais la participation des jeunes à la prise de décisions au Sénégal. Elle nous donne un aperçu de la manifestation organisée par les jeunes qui leur a permis d’obtenir un siège à la table des discussions. Fatou Diop, ancienne point focal jeune pour FP2030, nous raconte cet événement. 

Lorsque le gouvernement sénégalais a entamé son engagement envers FP2030, seuls deux jeunes leaders ont été invités à prendre part au processus (sur un groupe de 30). Dans un pays où la majorité de la population est constituée de jeunes (61 % de la population a 24 ans ou moins), cette timide invitation à participer était inacceptable et de jeunes leaders représentant 10 organisations dirigées par des jeunes se sont mobilisés pour faire entendre leur voix. 

« Ils sont venus à la session avec des pancartes, puis, dans un discours, ils ont demandé à l’État de prendre un certains nombre d’engagements vis-à-vis des adolescents et des jeunes. Suite à cela, l’État a invité les jeunes à rester dans la salle et à prendre part à l’élaboration de ses engagements. Nous sommes passés de deux participants à près de dix. Dès lors, l’État a pris un engagement, dans le domaine de la planification familiale, d’améliorer la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes. C’était une proposition. Cet engagement a été proposé par le cadre des jeunes… 

C’est un événement qui a été grandiose et a provoqué un grand bouleversement… il a été une sorte de déclencheur à la suite duquel les jeunes du Sénégal ont été invités au sein des organes de décision qui ont pris conscience du fait que s’ils n’invitaient pas ces jeunes, ils viendraient de toute façon ! Depuis, la place des jeunes a changé au sein des organes de décision, en particulier dans le domaine de la planification familiale. Les choses ont beaucoup évolué. 

Fatou Diop

Responsable du programme jeune et du plaidoyer à Marie Stopes au Sénégal, ancienne point focal jeunes pour FP2030

Le nouveau plan de planification familiale comportera bien plus d’activités et bénéficiera d’un budget supérieur pour la santé sexuelle et reproductive des adolescents et des jeunes…En effet, l’ancien plan ne comprenait qu’une seule activité de communication destinée aux adolescents et aux jeunes. Avec tout le travail que nous avons accompli, ce plan compte beaucoup plus d’activités, principalement liées à l’offre de services afin que cette offre soit mieux adaptée aux adolescents et aux jeunes. Les activités de création de la demande, les activités liées à l’environnement propice, qui sont incluses dans le document et ont déjà été validées… il existe de nombreuses autres activités pour les adolescents et les jeunes. Nous sommes passés d’une seule activité de communication à environ dix dans le nouveau plan. 

Je pense que désormais nous disposons de bien plus de possibilités car les gens ont compris. De nombreux dirigeants, et même des chefs religieux, nous soutiennent. L’État a compris également. Selon moi, c’est la raison pour laquelle il est beaucoup plus facile de proposer des activités et de les voir acceptées dans le plan. Je pense qu’ils ont également compris que les jeunes représentent une véritable force à ne pas sous-estimer. Auparavant, nous pensions que les jeunes étaient présents parce que c’était leur souhait. Les jeunes ont été capables de leur montrer que lorsqu’ils sont présents, ils apportent une valeur ajoutée et leurs idées sont pertinentes.  

C’est aussi ce qui explique qu’il nous est plus facile d’inclure nos activités dans ce nouveau plan. Avant, les gens pensaient que les jeunes n’avaient besoin que de communication sur la planification familiale. Par conséquent, toutes les activités précédentes étaient liées à la communication et à la sensibilisation, entre autres. Aujourd’hui, nous avons progressé, car nous veillons à ce que l’offre de services soit adaptée aux adolescents et aux jeunes. C’est important, selon moi.  

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Nous nous assurons que les prestataires de services sont plus disposés à recevoir ces adolescents et ces jeunes. Nous veillons également à inclure des activités qui développent de l’empathie chez les prestataires. De même, nous intégrons des activités qui leur permettront de mieux comprendre les besoins des adolescents et des jeunes. C’est important aussi. Je pense que la sensibilisation à la santé sexuelle et reproductive et l’accès aux services dans les écoles constitue un aspect essentiel. Nous continuons de nous battre dans ce domaine… car aujourd’hui, il y a de nombreuses jeunes filles à l’école, et si nous pouvons leur donner un accès direct à ces informations, aux services à l’école, nous leur faciliterons les choses. Et même leur permettre de poursuivre leurs études. » 

« Je pense que le partenariat FP2030 nous a été d’une grande aide – pour mobiliser des ressources, aussi. Le partenariat FP2030 nous a également ouvert des portes, car il nous a été relativement facile de discuter avec d’autres points focaux, que ce soit le point focal FP2030 du gouvernement ou le point focal FP2030 de la société civile. Nous étions en mesure d’avoir ces relations et de discuter des engagements que nous souhaitions prendre. Ainsi, je pense que le partenariat FP2030 nous a largement soutenus dans notre démarche pour aider les jeunes à réaliser ces engagements.  

Et oui, nous avons également travaillé dur sur ces engagements avec le partenariat de Ouagadougou… ils nous ont beaucoup soutenus à travers ce processus… Le partenariat de Ouagadougou nous aide encore aujourd’hui dans la participation des jeunes auprès des organes de décision du Sénégal. Lorsque des politiques sont adoptées et des décisions prises, le partenariat de Ouagadougou nous a fourni soutien et plaidoyer afin d’assurer notre présence et de faire entendre notre voix au sein de ces organes.  » 

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« Nous sommes les jeunes d’aujourd’hui et les adultes de demain. En 2030, lorsqu’il faudra déconstruire les engagements et en développer de nouveaux, cette tâche reviendra aux jeunes présents dans cette salle. Nous estimons qu’il est plus que nécessaire de prendre activement part à ce processus aujourd’hui, pour que les engagements qui seront pris reflètent pleinement nos besoins.  »